Suisse: «un flic m'a craché dessus»
Genève 29.03.03 Témoignage de L.
Nota : Ni le Collectif des Monstres Anonymes ni son hébergeur Journal intime.com ne sauraient être tenus pour responsables des propos tenus dans cette page, ils sont juste recopiés du site http://www.evian-g8.org/
Place Neuve. Fin de la manifestation. J’y étais avec une copine et un copain et on attendait encore deux autres personnes pour aller prendre le train. Les amis tardent à arriver et le groupe de personnes qui, comme nous, se dirigeait vers Lausanne était déjà tranquillement parti.
Quand D. et M. Sont arrivés nous avons essayé de rejoindre le groupe et nous avons vu que de nombreux flics les suivaient. Une fois arrivés a la gare pour rejoindre les autres on a du passer entre les "robocops " qui étaient de tous les cotés. On était surpris et on se demandait «Ils font quoi ici ? Nous on veut juste rentrer a Lausanne...». Aucune provocation n’a eu lieu, ni aucun lancer de bouteille vers les agents. On attendait juste de rentrer. Quand le train est arrivé deux portes se sont ouvertes devant nous. L’une a été bloquée par les flics et alors on s’est dirigée vers l’autre. Un instant avant de monter je me suis retournée pour voir ou était D. et je vois qu'un flic, avec beaucoup de violence lui serre un bras autour du cou et le plaque par terre. Tout de suite des autres flics sont sur lui.
Ils le retenaient par terre. Pour moi c'était la panique, j’ai commencé a crier «Laissez-le ! Vous êtes fous ... !» La seule réponse que j’ai eu ce sont des coups de matraques et des bousculades. Je ne peux pas dire combien de coups ils m’ont donné, j'étais furieuse et je continuais à crier et à pleurer.
Je voulais faire quelque chose pour aider D. Il est mon meilleur ami ! Je me rappelle qu’un flic m’a mis une main sur le visage pour me faire taire. Les flics étaient sur le quai, devant le train, ou dedans.
Moi j'étais seule, paniquée et quand j’ai vu qu’ils embarquent D. j’ai recommencé à crier vers les flics. Je n’oublierai jamais leurs regards fous, ils rigolaient et se moquaient de moi entre eux.
J’ai craché par terre et on flic a enlevé sa visière et il m’a craché dessus en me regardant avec mépris. Tout d’un coup je vois un agent qui prend sa matraque et donne un coup derrière la tête à une jeune garçon. C'était la réaction a un lancer d’une bouteille en plastique de Fanta… Le pauvre criait et se tenait la tête. Je vais vers lui et sa maman arrive vers nous. Les flics commencent a nous tirer dessus. Merde j'était là avec un blessé en train de l’aider a fuir des balles de la police ! C’est de la folie !
Entre-temps on avait perdue sa maman, quand elle nous a rejoint, on a pu constater qu'elle avait pris une balle à coté de l’oeil. J’ai attendu avec le garçon blessé et sa mère l’ambulance et après je suis retournée vers les agents qui étaient sur le quai.
J’avais peur en voyant tous les flics qu’il y avait encore. Avec ma copine on s’est aperçu que notre ami M. aussi n'était plus là. Autour de nous il y avait beaucoup de personnes qui se sont tout de suite montrés disponibles pour nous aider. Moi je tremblais, j’avais mal à la tête et je voulais savoir ou étaient mes copains D et M. J’ai essayé de leur téléphoner mais quelqu’on a répondu à sa place en me disant «C’est moi, dis moi...» (j’ai su après, que les portables avaient été pris à la gendarmerie, ça signifie que la personne qui m’a répondu était un flic).
K. revient, elle est sous le choc, elle a été relâchée par les flics qui lui ont dit «va t’en, on en a assez avec les deux.»
Les flics l’ont maltraitée et insultée et elle me dit qu’ils sont en train de faire la même chose avec D et M......
On entend a l'écouteur que «les deux dernieres personnes on été libéré» mais nous on les voit pas. Je pars avec un ami pour les chercher. Deux securitas s’approchent a moi et me disent "viens avec nous, ils vont ramener tes potes mais tu dois rester tranquille et en silence parce que les flics s’ont déjà assez énervés". Je suis restée 5 min sur le trottoir en attendant. Devant moi quelques flics serraient la main a des collègues, ils rigolaient. La camionnette est arrivée avec la lumière allumée et la sirène et D. et M. ont été foutu dehors. D. était dans un état indescriptible, le visage couvert d’hématomes et le regard perdu. Je l’ai serré dans mes bras. Il tremblait . Il n’a pas pu me serrer, ses pouces étaient blessés par les lacets que les flic lui avaient mis.
Source : Evian G8