Le Collectif des Monstres Anonymes

Lettre que je n'ai pas le courage de t'envoyer

Je t’en veux.

Oui j’ai le courage de te le dire enfin, je t’en veux.

Pendant près d’un an tu m’as laissé dans la plus grande incertitude. Tu savais que je t’aimais mais tu ne m’en as pas une seule fois dissuadé. Tu m’as laissé croire que dans la vie, dans ma vie, rien n'était impossible. Tu m’as laissé espérer, qu’un jour je pourrais dire nous et non plus toi et moi comme j’en avais pris l’habitude.

Tu ne m’as pas fait souffrir. Dès que l’impensable pour moi se produisit pour toi tu me l’as confié. Tu ne m’as jamais présentée celle qui maintenant partageait tes rêves, tes projets. Tu ne me parles jamais d’elle. Pour ça aussi je t’en veux. Tu tentes peut-être de ne pas me faire souffrir mais je ne souffre pas de te savoir heureux, je ne souffre pas de voir qu’elle te comble de bonheur. Je souffre d’avoir l’impression de ne pas faire partie de ta vie puisque je ne la connais pas. Sais t-elle au moins que j’existe ? Je ne sais pas comment je pourrais te le faire comprendre.

Ce n’est pas la seule chose pour laquelle je voudrais te dire que je t’en veux. Ce n’est peut-être pas très clair, mais tout le temps que je restais solidement attachée à toi et bien je suis passée à côté du reste de ma vie. J’aurais pu vivre tant de choses mais par amour pour toi je me suis privée, j’ai pensé que ce serait une trahison. Toi tu ne t’es pas gêné.

Hier soir un de mes amis s’inquiétait du prolongement de mon célibat. Il ne comprenait pas pourquoi. Moi j’ai compris pourquoi, parce que même si les sentiments amoureux que j’avais pour toi se sont transformés peu à peu en profonde amitié, et bien je compare toujours les autres à toi, je n’arrive pas à m’impliquer dans une relation parce que je suis encore trop attachée à cette histoire que je n’ai pas eu l’occasion de vivre.

Je t’en veux parce que je voudrais que tu me libères. J’attends peut-être ta bénédiction. Je ne sais pas. Je crois que je voudrais que tu brises les chaînes qui me retiennent. Fais-le.