Rien n'est réglé
Zoubiney
--
Vendredi soir petite soirée très sympa chez Karl avec Puck et d’autres. Tout avait bien commencé. Puck est venue chez moi vers 20h. On a discuté un peu et à 21h on est allé chez Karl. Bonjour petit père, salut Substitut, bisous Truc… Ca commence bien, en plus y’a de la Manzana donc super. Je me siffle un verre de Manzana pure direct. Ca commence bien. Ca sera mon seul verre d’alcool de la soirée.
Après je discute avec les mecs qui sont là, plutôt sympas. La soirée se poursuit. J’envoie chier Puck. Parce que j’ai envie de la quitter. Parce que j’en ai marre de tourner en rond avec elle, ça n’apporte rien et ça nous fait souffrir.
Trois quart des invités sont dans le jardin à boire et fumer. Le reste sont à s’embrasser sur un canapé. Je change de disque. Modjo. Je danse. comme d’habitude, moi quand je danse je remue pas juste les cheveux. D’ailleurs on m’a déjà comparé à Billy Crawford à plusieurs reprises. Bon j’arrête je me fait mousser là. Donc je danse pendant une demi heure voire trois quarts d’heure. Modjo. Superman lovers. Daft Punk. Cassius. David Guetta. Bref que du bon son que j’avais amené.
J’arrête de danser parce que bon danser tout seul c’est chiant. Il est minuit et quelques minutes. Je me fait clairement chier mais bon je reste quand même parce que Puck est bourrée et comme c’est mon rôle habituel de rester plutôt sobre je reste pour la surveiller. J’ai l’impression de dire à des petits gamins ce qui est bon ou pas à faire. Je me fait chier. En plus normalement Puck doit dormir chez moi.
Avec J. et sa copine M. on regarde un film "érotique" sur RTL9. C’est nul. Je vois pas comment certains peuvent être excités par ce genre de truc.
Bref j’attends. Je me fait chier. Il est maintenant deux heures et quart du matin. Je dit à Puck que je suis crevé que je me fait chier et que soit elle rentre maintenant avec moi soit elle dort chez Carl. Elle dit qu’elle veut rester. Okay. Elle me supplie de rester. Nan. Je dit au revoir à tout le monde et à Puck qui ressemble plus ou moins à une loque. Je sors.
Je marche dehors. Chez moi c’est pas loin, cent mètres à tout casser. Je marche sous la lumière fade des lampadaires. Arrivé à mi-chemin, je me retourne avec l’espoir que Puck est sortie et m’a suivi et qu’elle va venir dans mes bras en pleurant. Mais nan. Personne. Juste quelques chats. Je m’arrête. Je me dit que c’est con. Que sûrement on ne se reverra plus. Que tout est finit si je rentre chez moi maintenant. Que Puck et moi c'était bien, six mois, mais qu’il est temps que ça finisse. Mais d’un autre côté je me dit aussi que je l’aime et que je veux pas la quitter.
J’hésite. Que faire ? Retourner sur mes pas et me taper la honte devant tout le monde parce que je suis parti et que je reviens ? Rentrer chez moi et faire définitivement une croix sur six mois de rêve, de complicité, de conte de fée, d’engueulades, de discussions, de regards langoureux... ? Je marche au ralenti. Je passe à côté des chats. Ils ne fuient même pas, ils n’ont pas peur de moi. Je ne suis qu’une ombre qui glisse dans la nuit. Une ombre, rien de plus. Personne ne fait attention à moi. Ils me voient, mais ils m’oublient tous aussitôt. Je n’ai pas d’intérêt, je ne suis qu’une ombre.
Pourtant je ne sais quelle force m’a fait revenir jusqu'à la maison de Carl. Je passe par derrière et me cache au fond du jardin. Puck est en haut du jardin avec d’autres. Elle parle. Elle dit. Elle m’attaque. Elle me fait mal. Elle me tue. Je ne suis qu’un gogo-dancer. Elle dit que ça fait six mois qu’elle est avec moi et qu’elle regrette. Elle dit que de toutes façons je n’aime que ma main droite. J’ai mal. Je l’entends dire sur moi comme ça pendant un quart d’heure, peut-être plus. Je pleure en silence comme un con, caché derrière un buisson au fond du jardin de Carl. J’ai envie de vomir.
Je lui envoie un SMS. Au bout de dix minutes, pas d’accusé de réception. Je sèche mes larmes. Ils ne doivent pas voir que je pleure ou que j’ai pleuré. Je suis un homme. Les hommes ne pleurent pas, c’est ce que la maîtresse m’a dit à la maternelle. Je sonne à la porte. C’est Carl qui ouvre. Je lui dit d’appeller Puck. Puck arrive. Je lui dit que je l’ai entendue dire sur moi. J’aurais pu lui mettre une claque mais non. Je crie juste «Tu me dégoûte ! Tu me dégoûte!». Je pleure comme une madeleine sans m’en rendre compte. Ma voie est cassée. Je crie. Je hurle. Je pleure. Je part en courant. Elle me retient par la manche. Je veux partir. Loin d’elle. Pleurer. Vivre. Mourir. Elle me retient. Je m’arrête de résister. On se prend dans les bras et on pleure comme des gamins.
On discute pendant une demi heure sur l’escalier devant la maison de Carl. On rentre dans la maison. On discute encore pendant une heure et demie sur un canapé. On ne sait pas ce qu’on veux. Si on veux se remettre ensemble ou se quitter pour de bon. On parle de tout ce qui ne va pas, de toutes nos appréhensions. Puck écourte la conversation sur ses problèmes d’ordre sexuel. Moi je veux juste l’aider.
On rentre chez moi. On dort. On se lève. Elle part. Je reste. Je déjeune devant C’est mon Choix. Elle m’envoie un message en disant qu’elle s’en veux pour ce qu’elle a dit hier soir, qu’elle était un peu bourrée. Je lui ait répondu qu’avec le temps je vais oublier. Cette nuit elle est partie à une fête pour l’anniversaire d’une de ses amies. Qu’elle passe une bonne soirée. On verra bien la suite mais il n’y a que deux solutions : soit on se sépare pour de bon, soit on se remet ensemble et on prend la résolution de régler nos problèmes avant qu’ils prennent des proportions alarmantes. Reste à différencier l’amour de l’habitude…
Bonne nuit Puck. Passe une bonne soirée. Eclate-toi bien. Je t’aime. Mais chaque jour je me dit qu’il faut que j’aille de l’avant, que je te laisse tomber parce que là on stagne, et je suis en train de ré-entrer dans un cycle de déprime et je ne veux pas. Et je ne veux pas que toi aussi tu stagne dans ton cycle de déprime. Je t’aime. Je veux pas te perdre. Mais je veux pas te faire souffrir non plus. Cruel dilemme, une fois de plus. Je t’aime Puck.